Vous la sentez, cette atmosphère bizarre qui plane dans l’air en novembre ? Il y a quelques jours, une compétition amicale rencontrait un beau succès. L’entraînement du mardi est de nouveau complet. Tous les jours, des portables vibrent : « Salut, tu sais avec qui tu joues pour la compèt de Paris ? »
On en parlait déjà il y a 5 ans : novembre est à Paris la saison du bal de la plume.
Par cette locution imagée, on veut bien entendu parler de la recherche d’un.e partenaire de double, savant exercice d’équilibriste qui nécessite de faire appel à ses compétences sportives, politiques, amoureuses, et parfois même à une petite part de vice.
Sportives, car il faut être fin observateur du plumfoot français pour savoir qui pourrait être le partenaire idéal. Si on recherche les résultats, il faut évidemment réussir à hameçonner plus fort que soi : mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Il est bien plus stimulant de trouver l’entente parfaite avec un joueur au niveau proche, ou de prendre sous son aile une jeune pousse un peu moins expérimentée mais prometteuse.
Politiques, car il faut être fin négociateur, savoir ménager la chèvre et le chou – pour faire monter le partenaire idéal dans son bateau sans qu’il ne crie au loup. On se refusera à parler de corruption, mais connaître les goûts de sa cible peut aider, et ceux-ci peuvent évoluer avec les années. Pour conquérir un certain D., un simple croc dans un kebab ne suffit plus. Il faut désormais s’engager durablement dans la campagne électorale imaginaire d’une ancienne gloire du club, le deus ex machina Coudre…
Amoureuses, car il faut être fin séducteur, souffler le froid et le chaud – pour attirer son crush sportif dans ses filets sans jamais se livrer tout à fait, car c’est dans le monde impitoyable de la plume que se vérifie le mieux l’adage suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis.
C’est après avoir mobilisé tous ces talents qu’il faut savoir faire appel à sa part de vice : tout en promettant monts et merveilles à l’âme sœur, certains n’hésitent pas à négocier un mariage de raison en catimini…
Mis en pratique, ça ressemble à peu près à ça :
Après des années au régime de séparation de corps, l’ancien couple N. et D. a décidé de rejouer ensemble, ce qui met leurs partenaires plus récents A. et J. dans l’embarras. J. se rapproche de Q., P. et H. – comme ils sont en ménage à trois, il peut essayer d’en débaucher un.e sans commettre d’impair. A. cherche à s’attirer les faveurs de F., joueur expérimenté et toujours partant pour former une paire inédite. Mais F. a déjà été sollicité par M., un autre ancien, prêt à faire des centaines de kilomètres pour le rejoindre. Il a même déjà éconduit E., le célibataire le plus convoité de France. A. aurait pu renouer avec C. de retour de blessure, mais celui-ci s’est mis au service d’un autre C. en attendant de récupérer suffisamment pour devenir attaquant principal.
La suite au prochain épisode, à partir de janvier : les nouveaux couples partiront-ils en voyage de noces à Dunkerque sur les terres de Jean Bart, ou sombreront-ils avec pertes et fracas ?