Open de Sicile 2024 : tous en piste(acchio) !

« Lorsque l’Etna éternue, Catane tremble« , affirme un dicton traditionnel. Selon un adage plus récemment forgé par nos amis Siciliens, « quand les attaquants chinois attaquent, le gymnase résonne« . C’est en effet une équipe de Shenzhen, impressionnante dans tous les compartiments du jeu, qui est venue s’imposer à l’Open de Sicile ce week-end. Retour sur ce tournoi avec notre envoyé spécial sur place.

85 joueurs, 24 équipes et 7 pays représentés : c’est peu dire que le palais des sports de Catane fait salle comble pour le premier Open international organisé dans l’île aux trois pointes. Côté organisation, les locaux mettent les petits plats dans les grands avec un service de navettes au poil, une application de suivi des matchs flambant neuve et une armée de bénévoles souriants et disponibles. L’habituelle cérémonie d’ouverture et le discours de Francesco permettent de mesurer l’émotion des Siciliens d’avoir réussi à mettre sur pied un tel évènement. Après une minute de silence émouvante en hommage à Janos Senior, la compétition peut commencer !

Parmi les candidats à la victoire finale, on retrouve les usual suspects européens. Côté pile, deux équipes germaniques armées jusqu’aux dents. Les frères Zentarra – comme toujours impeccables dans leur ensemble adidas noir et blanc – sont accompagnés du vétéran Sven Walter pour mener l’équipe Hagen 1. Chez Haspe, la recette miracle reste inchangée avec l’inusable paire Torben Nas / Philip Kuhne complétée par une Franziska Oberlies au diapason. Côté face, c’est une véritable marée magyar avec pas moins de 8 équipes hongroises alignées ! Le nombre de caractères maximal d’un article WordPress ne permet malheureusement pas d’énumérer les noms de tous les smasheurs impressionnants du contingent hongrois présent en Italie. Comme d’habitude, ça attaque beaucoup, ça attaque fort, bref on met les bouchons d’oreille avant de s’approcher des terrains.

Pourtant, dès l’échauffement, tous les regards se tournent vers les équipes asiatiques. Hong-Kong nous gratifie de deux équipes de gala, emmenées respectivement par le multi-médaillé à la coupe du monde Kévin Or et le prodige de l’attaque Félix Fung. Pour les accompagner, on retrouve les meilleurs lieutenants hong-kongais, trop souvent mis dans l’ombre malgré la qualité de leurs passes et leur rôle central dans l’équipe. Dans la lignée de leur victoire à l’Open de Hongrie cet été, ils font clairement office de favoris. L’équipe chinoise, composée de deux passeurs, un attaquant « de face » et un attaquant « dragon » impressionne moins dans les premières heures de la compétition et ne semble pas en mesure de concurrencer les top teams.

Le premier jour de compétition apporte peu d’enseignement pour la suite. Tous les favoris se qualifient pour le tableau principal sans forcer leur talent. Les attaquants commencent à se délier les jambes, les passeurs révisent leurs gammes. Il faudra attendre le stade des quarts de finale pour régler leurs comptes!

Face à ces mastodontes, nos trois équipes tricolores avancent avec humilité mais néanmoins confiance. (Au fond, un attaquant asiatique n’est jamais qu’un Ayman avec un peu plus de cheveux, le rendant de facto moins aérodynamique. Pas de quoi impressionner nos champions, donc). L’équipe France 1, à forte teinte putéolienne (Etienne, Jérémy, Charlie et Maxence), est clairement la mieux armée pour espérer quelque chose face aux favoris. Pas aidés par leur placement en chapeau 2, nos fers de lance subissent la loi de Hong-Kong 2 en poule et ne peuvent rien faire contre Hagen en 8ème de finale. La marche était tout simplement trop haute face aux toutes meilleures équipes. Pas découragés pour autant, ils enchaînent trois victoires très convaincantes dans le tableau de reclassement (deux équipes hongroises et une hong-kongaise) pour aller chercher une très belle neuvième place. On retiendra notamment un combat de haute volée en simple entre Jérémy et un jeune talent hongrois, de très bon augure pour les prochaines échéances. Contrat rempli pour nos experts, en attendant un exploit dans les prochains Open.

L’équipe lilloise augmentée d’un renfort francilien (Adrien, Alessandro, Antoine, Mattéo) parvient quant à elle à sortir des poules en dominant facilement la quatrième équipe d’Italie. Dans le tableau de reclassement, ils accrochent une victoire de prestige contre Haspe 2 ! Solide sur ses bases, Alessandro remporte le simple décisif contre Thore Riepe en deux sets pour propulser son équipe à la 12ème place. Encadrés par un Adrien appliqué et déterminé, les néophytes Antoine et Matteo impressionnent une nouvelle fois par leurs progrès et leur maîtrise sur le terrain. Combien de temps avant que cette équipe ne vise carrément plus haut dans les tournois ? De l’avis de notre envoyé spécial, ça pourrait se compter en mois plutôt qu’en année.

Enfin, c’est un attelage inédit qui se présente sous la bannière des kids, boosté par un camp d’entraînement d’une semaine sur place à enchaîner les spritz et les aranciniLa future internationale française Emily (#GeraldNaturaliseStp) fait admirer son grand écart pour envoyer les pralines. Xavier, le condor du Plessis-Robinson, déploie ses ailes pour couvrir le terrain et organiser l’équipe. A côté de ce binôme de choc, votre serviteur promène son nouveau ligament et envoie des dragons lézards dans le filet. Portée par sa cohésion et sa détermination, l’équipe décroche une belle victoire contre une équipe hongroise et termine à une très honorable 18ème place.

Ce tour d’horizon des performances françaises ne peut se conclure sans mentionner la présence de notre Garmin national dans l’équipe des Transnational Titans. Pas effrayé par les 11 heures de bus depuis Rome, le joueur de l’APP a de nouveau marqué les esprits par sa motivation à toute épreuve sur le terrain et son attitude rayonnante en dehors du terrain. 

Mais revenons au haut de tableau, où la sensation du week-end est venue de Shenzhen. Les matchs du tableau principal n’apportent pas de surprise majeure jusqu’au stade des demi-finales. Alors que Hong-Kong 1 se défait sans encombre de Haspe pour empocher son ticket pour la finale, la deuxième demi-finale oppose Hong-Kong 2 à l’équipe chinoise. Le premier match de la rencontre nous offre un affrontement titanesque en triple entre deux équipes qui se rendent coup pour coup. Hong-Kong 2 mise sur sa tactique habituelle, avec deux passeurs en charge de mettre Félix sur orbite, qui attaque avec une violence inouïe. L’attaquant star est impérial et écœure la défense adverse. Hong-Kong remporte le premier set 22-20 et prend l’ascendant. En face, la Chine mise sur la variété et alterne entre ses deux attaquants. Le passeur, véritable capitaine de l’équipe, distribue le jeu à gauche et à droite pour déstabiliser le contre hongkongais. La rencontre est indécise, disputée et émaillée de points d’anthologie. La victoire se joue à des détails et c’est la Chine qui s’impose au cordeau dans les deux derniers sets : 23-21, 21-19. La Chine emporte le premier point mais tout reste à faire.

Après un premier match aussi disputé, le public s’attend à un duel de haute volée dans les deux épreuves restantes. [NDLR : une rencontre se joue en trois épreuve : le simple, le double et le triple] Pourtant, l’équipe hongkongaise est rattrapée par ses choix tactiques et va le payer très cher. Épuisé par les trois sets de triple où il a attaqué et contré à chaque point, l’attaquant hongkongais montre des signes inquiétants de fatigue. L’équipe chinoise lit parfaitement la situation et choisit l’épreuve du simple pour la deuxième rencontre du match. Pris de crampe dès le premier set, Félix n’est pas en mesure de défendre pleinement ses chances et s’incline largement contre le joueur de simple chinois qui déroule (21-17, 21-16). Contre toute attente, la Chine s’impose 2-0 et file vers la grande finale.

Sur la lancée de sa demi-finale, la Chine terrasse l’équipe première de Hong-Kong en finale et remporte le tournoi. La rencontre, remportée dans des conditions particulières, ne laissera malheureusement pas un souvenir impérissable. Dans la petite finale, Haspe 1 parvient à s’adjuger la médaille de bronze en remportant le simple décisif contre Hong-Kong (2-1). Une nouvelle victoire face à une équipe asiatique (certes diminuée) à mettre à leur crédit.

Ainsi s’achève l’Open de Sicile. Trois jours de compétition haletante, de suspense et de plaisir pour tous les joueurs participants. A peine le temps de remercier les Siciliens pour leur superbe accueil et il est temps de rentrer en France pour continuer à s’entrainer.

Cette demi-finale mémorable nous aura donné l’occasion de méditer sur un autre proverbe, moins exotique : ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. En misant tout sur un seul joueur, aussi exceptionnel soit-il, l’équipe hongkongaise s’est exposée à une défaillance de son champion. L’équipe chinoise, plus équilibrée et plus collective, a parfaitement exploité cette faille pour venir à bout de leurs rivaux. Une leçon à garder en tête pour la composition des équipes pour l’Open de France, les 18,19 et 20 mai prochains ! 

Etienne, pour l’APP

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