Hagen, Das Open

« Le plumfoot est un sport qui se joue aux pieds sur un terrain de badminton et où le Vietnam gagne à la fin ». L’Open d’Allemagne 2024 a été une nouvelle fois l’occasion de vérifier cet axiome fondamental de notre discipline. Ultra favorite, la meilleure équipe vietnamienne a fait parler sa maîtrise technique pour repartir avec la médaille d’or. Mais au-delà de cette victoire finale, le tournoi nous aura livré de nombreux enseignements. Revenons ensemble sur ce week-end de compétition !

La Hongrie au top, Hong-Kong en difficulté

Comme à son habitude, la compétition allemande offre un tableau particulièrement relevé. Sur la ligne de départ, on recense pas moins de 12 équipes de niveau mondial : 4 équipes vietnamiennes, 3 équipes hong-kongaises, deux « top » équipes hongroises, les deux meilleures équipes allemandes (Hagen 1, Haspe 1) et les inusables Finlandais. Répartis dans 8 poules, les 12 favoris vont se qualifier sans trembler pour le tableau principal.

Il serait trop long de détailler le déroulement du tournoi, mais jetons un œil aux résultats du tableau principal pour savoir qui a réussi à tirer son épingle du jeu. Du côté des déceptions, on remarquera l’absence des hong-kongais en demi-finale. Battues respectivement par la Hongrie et le Vietnam en quart de finale, les deux équipes masculines n’ont pas été assez convaincantes pour rejoindre le dernier carré. Le choix d’intégrer seulement trois joueurs dans chaque équipe, enlevant toute option tactique pour la sélection du joueur de simple, les a fortement pénalisé. On pense notamment au simple décisif remporté très largement par le Hongrois Alexander Rab, alignant pas moins de 10 services gagnants dans le premier set face à un adversaire hong-kongais largement inférieur dans ce format.

Les Hongrois, justement, signent sans contexte l’exploit du tournoi dans la première demi-finale. La grande surprise du week-end aura été de ne pas assister à une finale 100% vietnamienne. Et pour cause ! Après avoir perdu le double de justesse, l’équipe de Nagykanizsa remporte le triple et le simple pour sortir Vietnam 1 et s’offrir une place en finale. Mélange d’expérience (Marton Lukacs, Benett Baranyai, Benedek Lukacs) et de jeunes talents (Alexander Rab, Martin Kökény), l’équipe hongroise a impressionné. Sans ses piliers historiques Herczeg Gabor et Toth Gabor, la Hongrie montre qu’elle est encore la meilleure nation européenne et qu’elle peut rivaliser avec n’importe qui.

LE match du tournoi : FFC Hagen vs Vietnam 2 en demi-finale

S’il ne fallait retenir qu’un match du tournoi, ça serait pourtant la deuxième demi-finale opposant Vietnam 2 aux champions locaux du FFC Hagen. (Ca tombe bien, le match est disponible en replay commenté sur la page Instagram de Paris Plumfoot!)

Au début de la rencontre, peu d’observateurs auraient misé un Deutsche Mark sur les allemands tant l’équipe vietnamienne semble sûre de ses forces. Pour le double, le Vietnam sort l’artillerie lourde et aligne d’emblée ses deux champions du monde en titre. En face, les frères Zentarra restent à l’échauffement et laissent la place à la paire Stefan Blank / Gergo Horvath.

Les points s’enchaînent dans une ambiance de feu et le miracle se produit. Stefan Blank enchaîne les contres et prend progressivement la mesure des attaquants vietnamiens, offrant des opportunités à son attaquant qui ne se prive pas pour les saisir. Auteur d’une prestation XXL, Gergo va faire admirer sa palette en attaque et écœurer la défense vietnamienne. Variant intelligemment les attaques en force et les placements subtils, il ne tremble pas jusqu’à la fin et permet à Hagen de remporter le premier match. Les vietnamiens apparaissent sonnés, mais ne sont pas encore k.o.

Le match de triple est tout aussi accroché. Côté allemand, Christopher Zentarra entre au côté du binôme Blank/Horvath et endosse le rôle de passeur. Gergo ne baisse pas le pied et continue de régaler en attaque. Pourtant, en triple, la mécanique vietnamienne est trop bien huilée. Les quelques erreurs de construction des allemands se paient cash et le Vietnam égalise à un partout.

La qualification pour la finale se joue donc au simple décisif, dans un scénario rêvé. David Zentarra, le patron du FFC Hagen, se présente face au joueur vietnamien dans un gymnase chauffé à blanc. Combatif et déterminé, le joueur allemand entre dans le match pied au plancher pour mettre en difficulté Quang Tran, qui dispute son premier simple de la compétition. Le joueur vietnamien a été plutôt discret depuis le début du tournoi, laissant la lumière à ses coéquipiers en double et en triple. Dans l’esprit des spectateurs, David a toutes ses chances.

Le duel va pourtant tourner court pour le héros local. Le joueur vietnamien est tout simplement injouable, défend tout et fait le point sur chacune de ses attaques. Sans paniquer à un seul moment, il déroule une partition sans fausse note. David est forcé à l’exploit pour marquer le moindre point et souvent contraint à jouer plusieurs attaques de suite pour scorer. Malgré le soutien du public, le capitaine du FFC Hagen s’incline logiquement en deux sets, face à un adversaire imprenable. Le miracle n’aura pas eu lieu, mais c’est pour ce genre de rencontre qu’on se déplace à un Open international !

En comparaison, la finale n’aura pas donné autant d’émotion au public. Malgré le concentré de talent hongrois, la finale est à sens unique. Les joueurs vietnamiens, sûrement piqués au vif d’avoir perdu un double au tour précédent, déroulent leur jeu. Les constructions sont trop limpides, les attaques trop tranchantes. Les représentants asiatiques remportent le tournoi et peuvent célébrer, tout sourire, sur le podium. Pour la Hongrie, l’important est ailleurs : une victoire en demi contre une équipe vietnamienne vaut bien un trophée !

Groupe France : c’est grave docteur ?

Côté tricolore, il faut avouer que les résultats sont moins brillants. Sur les quatre équipes alignées, seule l’équipe francilienne Xavier/Jérémy/Adrien/Ayman réussit à passer les poules et à rejoindre le tableau principal. La prime à l’expérience ? En tout cas, cette équipe composée majoritairement de trentenaires aura été de loin la plus convaincante. A l’issue du tournoi, les équipes françaises terminent respectivement 14ème (Xavier/Jérémy/Adrien/Ayman), 18ème (Maxence/Antoine/ Alessandro), 19ème (Etienne G/Corentin/Sebastian) et 21ème (Jean-Baptiste/Phuong Anh/Etienne S).

Au-delà du classement, l’écart avec les meilleurs nations européennes (sans parler de l’Asie) a rarement semblé aussi important. Un constat s’impose : en l’absence d’Anthony et avec un Etienne G diminué par une blessure, la France ne dispose pas aujourd’hui d’attaquants de niveau européen. La comparaison avec les attaquants hongrois et allemands, même sans regarder leurs meilleures équipes, montre clairement notre déficit dans ce domaine. Il faudra apprendre à taper plus fort, et vite.

On retiendra tout de même quelques belles performances des joueurs français : la victoire en simple de Jérémy contre un joueur Hongrois [NDLR : le comité de rédaction avait annoncé ce succès à venir dans notre dernier article], un set gagné par l’inoxydable paire Xavier/Ayman contre Vietnam 3 (!!!) et une victoire au bout du suspense de Maxence pour battre Gifhorn 2 dans le simple décisif (vous avez dit patron?).

Enfin, comment ne pas mentionner la victoire de JB et Phuong Anh contre Haspe 3 au bout de la nuit? A 22h04, après plus de sept heures à attendre leur match, nos représentants sont menés 17-12 dans le troisième set et n’en mènent pas large. Intelligemment, ils prennent un time out et en profitent pour recueillir les précieux conseils tactiques d’Ayman. Reboostés par ces encouragements, ils reviennent avec détermination et arrachent la victoire 24-22. Sur leur lancée, ils remportent facilement le triple et peuvent célébrer la victoire. Un grand bravo à eux !

Open de France 2024 : un nouvel espoir ?

A six mois de la coupe du monde, la question de la composition de l’équipe de France reste ouverte. Qui saura élever son niveau de jeu pour permettre aux bleus d’aller défendre leur chance? Etienne G peut-il résoudre ses problèmes physiques pour emmener l’équipe au plus haut ? La pugnacité et la qualité technique de Jérémy sont-elles aujourd’hui le meilleur atout des bleus ? La progression de Corentin sera-t-elle assez rapide pour le rendre incontournable d’ici là? La paire Maxence/Charlie est-elle finalement la plus convaincante en double ? Nos deux sélectionneurs devront se creuser les méninges pour répondre à ces questions. Rendez-vous après l’Open de France (18-19-20 mai) pour des premiers éléments de réponse!

Etienne, pour l’APP

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