La finale de l’Open, comme si vous y étiez !

Déjà deux semaines depuis le weekend de l’Open, riche en émotions, haut en couleurs, fort en pomme, pieds en avant et genoux fléchis. Ce tenace désir, celui d’un retour des jours heureux trop rapidement vécus et qu’on appelle la nostalgie, s’empare des nuits de l’APP, sans doute comme des vôtres.

On s’en est rendu compte : les photos et autres vidéos ne sont pas suffisantes pour combler ce vide. Alors, en exclusivité et en direct, l’APP vous propose de revivre cette finale débridée qui a vu s’opposer les Vietnamiens et l’équipe hongroise de Újszász !

Eaubonne, 14h.

Les terrains ont presque tous disparu : seul reste en place celui de la petite finale, Nagykanizsa vs Hong-Kong, qui entament le 3e match (haletant !) de leur rencontre, et les deux terrains de la finale – au cas où, mieux vaut prévoir la possibilité de jouer deux matchs au même moment pour finir dans les temps ! Encore que, « aucun risque : les vietnamiens vont plier les hongrois », nous explique François, arbitre de la première rencontre, en toute objectivité. Et il n’est pas le seul : les spectateurs sont unanimes pour désigner le Vietnam comme la meilleure équipe du tournoi !

Pourtant, l’immédiat avant-match ne leur est pas favorable : au moment où Ayman les appelle sur le terrain sous un tonnerre d’applaudissement, les joueurs se regardent, indécis, sans comprendre qui vient d’être nommé… Allez Ayman, voici un petit guide de prononciation du vietnamien pour bien préparer la Coupe du monde.

14h30. Enfin, tout le monde est arrivé sur le terrain : les verts vietnamiens et les géants hongrois !

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*          *          *

Et le 1e simple commence !

Et, avec lui, la première surprise : pendant tout le premier set, la domination hongroise est nette. « Gaborrrrr », rugissent les titans de l’Est. Et à chaque smatch, le regard triomphant du hongrois se tourne vers Toth : c’est bien à ce dernier, le champion hongrois, que revient la tâche d’encourager, de féliciter les joueurs du haut de son piédestal. Il est à Újszász ce que Paris est à Marseille : un modèle, un maître que l’on admire et dont on cherche, inquiet, les trop rares compliments qu’il daignera nous faire.

Dans le deuxième set,

Le hongrois semble aussi devoir l’emporter. Alors que les points s’enchaînent selon un schéma classique – service, attaque gagnante du camp d’en face, qui sert et perd sur une attaque gagnante du camp d’en face, qui sert et perd sur une attaque gagnante du camp d’en face, qui sert et perd sur une attaque gagnante du camp d’en face – à 13-13, échec du Vietnamien sur le service ! Et premier « time », bien nécessaire, pour le joueur asiatique.

Il n’est pas le seul à en avoir besoin : si François, pieds nus et tout en rouge, semble aussi frais qu’un acteur d’Alerte à Malibu, June s’endort en comptant les points – tout comme Joris qui surveille la ligne, et dont seuls les bâillements montrent qu’il est encore éveillé. 3 jours d’Open ça finit par se sentir…

17-18 pour la Hongrie. Après un des échanges les plus disputés de la rencontre – avec quatre attaques contrées ! – le vietnamien lève la jambe, et voilà que ça rentre : un smatch magnifique qui accroche une ligne ! Et, de point en point, il l’emporte 21-19, grâce à un service gagnant qui touche le bout du pied du Hongrois !

En route pour un troisième set !

Et 1, et 2, et 3-0. Le Vietnamien viervolte, esquive, feinte, est sur chaque balle, semble invincible. Un véritable pho-follet. Il ne concède son premier point que sur un service raté – comment dit-on une « Firminade » en vietnamien ? – sans que le Hongrois ne puisse en profiter : à 5-2, un magnifique smatch dans un coin du terrain adverse donne un avantage de 4 points à l’asiatique. Et à 8-3, le Hongrois prend son premier time.

Et pendant ce temps,

Oui, pendant ce temps, la petite finale se termine ! Au 2e set du dernier simple, 19-17 pour Hong Kong qui est ainsi à 2 points du podium. Et si au plumfoot il faut apprendre à perdre (plusieurs équipes peuvent donner des conseils, NDLR), il faut aussi apprendre à gagner… Le Hongkongais, fébrile, envoie son service dans le filet. 19-18. Il perd les deux points suivants. 19-20. Mais revient à 20-20 grâce à… Un service raté du Hongrois ! Quand on vous dit qu’il faut savoir gagner ! Et, enfin, le hongkongais réussit à prendre ces deux points qui lui manquent depuis quelques minutes : c’est sur le beau score de 22-20 que s’achève la rencontre.

Est-ce le bénéfice de son « time » ? La rage d’avoir vu ses compatriotes perdre ? Toujours est-il que, sur le terrain du 1e match de finale, la situation s’est complètement renversée : 9-9. Et changement de côté à 11-10 pour la Hongrie. Une goutte de sueur perle sur la tempe des organisateurs de l’Open, qui craignent de voir les matchs durer, durer…

Le changement de côté bénéficie au Hongrois : 12-10, 13-10, et à 14-10, après avoir rattrapé 3 attaques vietnamiennes, BOUM un énoooorme smatch là où personne ne s’y attend ! Quel renversement de tendance, après un service plutôt mou ! Et pourtant la fin du match n’est pas encore sifflée : le hongrois ne mène bientôt plus que d’un seul point, à 18-19… Mais quelles que soient les prétentions vietnamiennes, rien n’y fera ! Gabor s’imposera en deux petits points, sur un dernier service gagnant.

*          *          *

Et c’est l’heure du 2e match : le double.

Smatch. Smatch. Smatch. Smatch. Smatch. L’opposition entre la puissance hongroise et la mécanique vietnamienne nous livre des points mémorables. Et pourtant, les attaques européennes semblent moins précises, moins rapides, plus prévisibles – ou peut-être est-ce la défense, moins agile, moins bien anticipée… En tout cas le score se creuse, sans appel : 10-6 pour les vietnamiens. Qui enfoncent le clou par un magnifique ace : les hongrois se regardent sans comprendre, l’air hagard. 11-6. A 12-7, ils prennent leur premier time. Saltos, levées de jambes à 3m du sol, dragons durs ou dragons doux (oui, de ceux en cloche qui conduisent la plume tout droit dans le coin en haut à droite, ou en haut à gauche, au choix et sur commande ma bonne dame)… la domination viet est sans partage. A 18-10, c’est un contrôle pourtant simple qui est raté par un Hongrois. Son partenaire, à 20-11, n’essaye même plus de contrôler la balle : le 1e set s’est joué à sens unique.

Le deuxième set commence, plus disputé.

Les points sont rapides, avec point perdu pour celui qui sert, qui souvent n’a même pas le temps de contrer. Et c’est du côté hongrois que l’on trouve le plus de finesse, alors que les vietnamiens, pressés d’en finir on dirait, plantent des énormes smatches, irrattrapables, aux quatre coins du terrain – y compris en plein sur les joueurs, qui ne peuvent pas malgré leurs muscles contrôler le volant.

8-8 : le tournant du set arrive, c’est la première attaque « out » du côté hongrois. Ils savent qu’ils vont devoir dorénavant marquer plusieurs points sur leurs propres services, ce qui impliquera des contres qui semblent, pour l’instant, impossibles. Ce que montre la suite : 9-8, 10-8… On ira jusqu’à 13-9, le point supplémentaire hongrois étant dû à un service vietnamien dans le filet.  Et déjà, dans les gradins, en prévision du triple, Toth Gabor s’étire, en amenant son genou toucher son oreille.

18-12. ca y est, les vietnamiens se font plaisir : de magnifiques saltos succèdent aux grands écarts… Dans ce match qu’ils doivent considérer comme facile, ils se permettent de faire le show ! Et nous les en remercions ! Et, si un salto finissant dans le filet amènera les hongrois à 13-20, le dernier smatch les laissera KO : rattrapé par l’un des joueurs, l’autre a une fois de plus abandonné et ne tente pas d’aller rattraper la plume.

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Le triple commence, et ressemble étrangement au match précédent…

 … Hé oui : on commence par une période de domination vietnamienne, malgré une défense exceptionnelle de la part de Herzég dont le pied se trouve à chaque fois là où il faut – mais hélas, parfois trop tard pour éviter que la plume n’aille voler vers d’autres cieux. Les points s’enchaînent. 12-6, premier time hongrois – et premier clapping dans le public qui se réveille sur la bonne idée d’Etienne ! Conséquence directe : service vietnamien dans le filet. On tient quelque chose pour enfin les battre ! Et si les joueurs d’Újszász se reprennent (14-8), ils ne marqueront leurs deux prochains points que grâce à deux nouveaux services vietnamiens dans le filet (15-10). Toth profite du répit pour passer quelques smatches entre les deux contreurs, mais ceux-ci répliquent immédiatement par des smatchs qui passent au-dessus des têtes hongroises, qui ne peuvent que se retourner pour contempler leur impuissance. Et sur l’échec d’un smatch de Toth, les hongrois s’inclinent 15-21.

Le deuxième set poursuit le mouvement. Déjà 3-7 quand notre reporter revient de sa douche de la journée, étant ainsi réadmis à s’asseoir auprès de ses camarades. Dans le public, on comprend déjà que l’issue du match est inéluctable, l’heure est donc aux commentaires admiratifs sur le style des vietnamiens : « dragon lobé, c’est exceptionnel » « ah mais le n°3, il n’est là que pour les transitions vers les smatch, c’est un passeur exceptionnel ! »… A 4-11, Gabor admet sportivement avoir fait 3 touches, que les arbitres n’avaient pas relevé. Le 9-19 est rapidement arrivé. Après plusieurs tentatives vietnamiennes pour faire le show, les hongrois arrivent à accrocher un 15-20, grâce aux erreurs du camp d’en face, mais également à des contres mémorables ! C’est sur un service raté de Toth, 28 minutes après le début du match, que la victoire est acquise 21-15. Justine, qui surveillait les lignes entre deux sommes, peut retourner à sa sieste en toute quiétude.

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16h : que le dernier double commence !

 Au premier set, les Hongrois résistent. La « routine » désormais familière – service, attaque réussie en face, service, attaque réussie en face… – ne sera rompue qu’à 8-8, suite à une pénétration hongroise perçue par Charlie. Ça fait mal ! L’écart se creuse après ce tournant : on passera rapidement à 16-10, puis à 21-15. Les smatchs vietnamiens et les services de Toth sont certes magnifiques – mais certains, dans le public, ont préféré contempler au bord du terrain la fatigue des deux mantes religieuses appelées pour surveiller les lignes…  

 Il est 16h11 lorsque débute ce deuxième set, potentiellement le dernier de l’Open. Il est plus décousu : d’abord une domination viet, qui gagnent 6-1 sur des contres très bons et des contrôles hongrois ratés. Mais la débâcle n’est qu’apparente puisque les hongrois remontent à 7-8 ! Pourtant, faut-il le dire ? Le joueur vietnamien ayant perdu le premier simple est en train de prendre sa revanche sur Gabor. A 11-17, les Vietnamiens savent qu’ils ont gagné et montrent le beau jeu. Dans leur dos, on les voit faire des signes à leurs partenaires, sans doute pour indiquer des schémas tactiques. On retiendra notamment un magnifique enchaînement : contrôle en cloche, feinte, retournement, et dragon inversé ! C’est sur le score de 17-21, à 16h23 le lundi 21 mai, que s’achève par une éclatante victoire vietnamienne ce 10e Open de France !

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3-1 pour le Vietnam. Quelle bataille ! Le premier match, qui a laissé entrevoir la possibilité d’une victoire hongroise, restera comme l’un des plus beaux jamais joués en France – aussi parce que personne n’avait prévu son issue ! Gabor nous confiera plus tard : « j’ai été chanceux », quand le joueur vietnamien nous dira : « il me manquait du riz et du nuoc mam pour être à fond ». Un comportement très français au fond.

1cochonneries.jpgNous espérons que comme nous vous avez pris du plaisir à vivre cette finale en direct, ou à la relire ici. Nous aurons vu que malgré leur statut de meilleurs joueurs européens, les hongrois n’auront pas tenu une second face à des vietnamiens très créatifs. Vous savez ce qu’il vous reste à faire : aller à l’entraînement pour, un jour, faire de la France la nation qui perdra en finale contre le Vietnam !

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