La force tranquille de l’APP

Nous souhaitons aujourd’hui évoquer l’un des piliers de l’APP : Xavier Joudiou ou bien Javier, pour les intimes. Joueur régulier au club depuis 2010, Xavier semblait – pendant les premières années – vouloir passer inaperçu. Un chiffre révélateur : jusqu’en 2013, Xavier a prononcé en tout et pour tout 41 mots au sein de l’APP. Cela inclu le sobre « zut ! » prononcé lors du vol du GPS de sa voiture à Canteleu (un moment d’intense expressivité). Mais sa quête de discrétion ne s’est pas arrêtée là. Il a en effet poussé l’effacement de soi à son paroxysme durant la saison 2013-2014 en perdant une quinzaine de kilos. Affiner sa silhouette, voilà encore une autre méthode pour moins se faire remarquer ! Mais il faut bien comprendre que cette discrétion n’est qu’une façade. Aussi bien sur le terrain qu’à l’extérieur, Xavier est l’un des membres les plus actifs et les plus efficaces du club. Tout en technique et précision, il est l’un des rares joueurs de niveau confirmé à accepter pleinement le rôle de défenseur/passeur. Être au service de l’autre pour lui fournir les meilleurs occasions d’attaques, tout en restant vigilant en défense et directeur de la stratégie de jeu, tout cela colle parfaitement à la personnalité de Xavier, et est en fait typique de son mode d’action au sein du club. Réactif et plein d’initiatives, Xavier possède une qualité des plus estimables sur le terrain comme en dehors : la fiabilité. Lorsqu’une mission est acceptée, elle est réalisée. Lorsqu’une passe est effectuée, elle est faite au millimètre près.

Mais sur le terrain, le revers de ce jeu focalisé sur la passe et la défense est un niveau d’attaque bien en deçà de celui auquel Xavier pourrait prétendre, preuve en image :

xav
Une bonne extension de la jambe, mais de nombreux détails sont perfectibles.

Le défaut principal de son jeu reste en fait : le manque d’agressivité. En double ou en triple, avec un partenaire attaquant, ce détail est presque invisible : entièrement au service de son équipe et avec une concentration sans faille en défense, le jeu se construit autour de Javier de manière fluide jusqu’à ce que l’attaquant soit mis en position d’attaque efficace. Mais en simple … il manque parfois à Xavier le désir de vaincre l’adversaire pour exploiter pleinement son potentiel, ce dernier ne semblant vouloir s’exprimer que lorsqu’il est au service de l’autre, ou au service d’une équipe. Toutefois, le jeu de précision de Xavier est assez dur à tenir : dépôt de la plume proche du filet, retours décroisés, défense de tous les points. Xavier use son adversaire pour faire durer l’échange, jusqu’à ce que l’erreur provienne de l’autre mais lui-même ne s’occupera pas de conclure le point. Peu intéressé par le simple, il semble parfois disputer ce type de match en dilettante. Il ne crie pas, n’a pas l’air spécialement énervé lorsqu’il rate un coup, n’a pas l’air d’avoir spécialement envie de gagner le match non plus. Mais il ne faut pas se méprendre : sans un minimum de sérieux, d’attaques et de prise de risque, il est difficile de vaincre Xavier en simple. À ce titre, et puisque son niveau le fait souvent arriver en quart de finale, Xavier c’est un peu le « vigile » des demi-finales, celui qui te regarde de haut en bas et te dit « non, désolé, toi ça va pas être possible », si tu ne fais pas tes preuves.

En compétition l’épreuve de simple est donc jouée par Xavier tout en détachement, sans agressivité, sans réelle envie de gagner. Quelle surprise donc, en janvier 2015, au tournoi de simple organisé par l’APUP. On y a découvert un Xavier pugnace et mordant qui, durant sa finale face à François, a essayé à chaque point de conclure lui-même par des attaques dos au filet. Ces dernières devenaient, au fur et à mesure du match, de plus en plus fortes et de moins en moins prévisibles. Résultat : une victoire sans contestation possible de Xavier, qui remporte alors sa seule (pour l’instant !) médaille d’or en simple. L’histoire raconte que la présence dans le public de Lucie et Marie, sœurs cadettes de Xavier, n’était pas sans lien avec ce sursaut de volonté. Alors … à quand une compétition avec toute la famille Joudiou, pour voir la bête ressurgir ?

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